Mémoires des mèmes - Vocaux croisés sur expériences vécues
Ceci est un dialogue scientifique mnésique, mémétique, et maïeutique pour la revue Hybrid #13
Par Gustavo Gomez-Mejia (PRIM, Tours) et Etienne Candel (CERLIS, Paris Cité)
(La première fois que nous avons eu à faire aux mèmes dans nos travaux 😅 on s'entend!)
Diable que c'est long
Ouiii! C'est exactement ça 🏆 J'ai retrouvé la trace dans notre rapport sur le "Cool 2.0" de 2009:
👀
(ça y est, je l'ai retrouvé ! meme stealing en 2020 👇🏽 :)
En parlant d'usages pédagogiques des mèmes, je viens de retrouver celui que tu avais créé pour le séminaire de présentation de notre livre au Carism en 2020!
Remarques finales 1. Observer les mèmes depuis une position située et rétrospectivement comme des objets de mémoire plutôt que comme un lexique actualisable, c’est les analyser comme des jalons pragmatiques, à mi-chemin de l’individuel et du collectif, donc comme des réalités interdiscursives (vernaculaires, autobiographiques, médiatiques, scientifiques) ; ils sont des objets-auxquels-on-se-rapporte, soit parce qu’on s’y réfère à propos (jouer avec “la réf”), soit parce qu’on s’y reconnaît (effectuer la relatability).
2. Comme tous les objets de cette culture triviale, les mèmes sont des êtres de médiation, à la rencontre, dans l’enseignement-recherche par exemple, des logiques sociales multiples de la pédagogie et de ses publics, de la recherche et de ses publics, de la création et de ses publics. Ce sont des opérateurs de socialité pour les discours contemporains qui parient sur une certaine condition partagée de “sujet-internaute” ou sur une réceptivité à l’usage des mèmes.
3. En tant qu’objets pensés pour et avec l’appropriation - outillés et appareillés à cette fin -, les mèmes se présentent comme un attirail signifiant - familier car toujours à portée de la main, mais normé, car inscrit dans l’industrie des textes. Cette relation de proximité et de norme compose le cadre social (technosémiotique) de la mémoire des mèmes : souvenirs sensibles qui requièrent des infrastructures documentaires pour être remémorés et actualisés.
4. Un échange par vocaux interposés est apte à donner une place à ce que les cadres institués de la recherche ont tendance à obérer, invalider, exclure en elle. Dans le cas des mèmes, il permet de dépasser l’habitus séparant le sujet de l’objet ; le statut d’une discussion autoethnographique par vocaux (et screenshots) n’est pas nécessairement celui des remarques préparatoires à la production d’un article ; mais il est possible que cette tendance à la formalisation se concrétise dans une publication normée, que nous mettrons en lien, le cas échéant, ici, avant de chercher d’autres moyens créatifs à explorer. À l’époque de la parodiabilité automatisée des écritures scientifiques, il nous paraît particulièrement important de donner la parole à des contenus multimodaux et de prêter nos voix aux récits circonstanciés des vies sociales des mèmes.
5. Les présentes lignes, venant après la discussion, seront probablement plus citées qu’elle. Or, c’est la “conversation” qui les précède qui a permis ici certaine “conservation” des mémoires des mèmes, dans un arc épistémologique vécu au croisement de l’accoutumance aux formats culturels, de l’expérience partagée des écrans et des potentiels archivistiques des expériences numériques ordinaires.